Portrait de Janis Vakarelis
Portrait de Janis Vakarelis

Janis Vakarelis

Musique

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La carrière internationale du pianiste grec commence au moment où il remporte le Premier Prix au Concours International de Piano Reine Sophie à Madrid. Janis Vakarelis s’est produit dans des salles prestigieuses telles que le Musikverein de Vienne, la Philharmonie de Berlin, la Festspielhaus de Salzburg, la Concergebouw d’Amsterdam, le Royal AlbertHall de Londres, la London Proms, et a joué avec les plus grands orchestres sous la direction de Zubin Mehta, Sir Simon Rattle, Charles Dutoit, Rostropovitch… Il est directeur artistique du Festival international de Nauplie en Grèce depuis 1991.

Janis Vakarelis joue à la salle Gaveau le 26 mars 2019 aux côtés de trois autres pianistes passionnés, Hélène Mercier, Cyprien Katsaris et Ferhan Önder, pour offrir un nouveau regard sur de grandes œuvres. Rencontre avec un pianiste virtuose…

D’où vous vient cette passion pour le piano ?

J’avais cinq ans lorsque ma mère m’a initié à la musique et au piano. J’y ai donc pris goût depuis tout petit. Puis, j’ai commencé à gagner des concours, des premiers prix et j’ai débuté ma carrière internationale.

Vous êtes grec, vous avez étudié à Londres et vous vivez à Paris. Dans quelle mesure cette diversité culturelle est une richesse dans votre vie de pianiste ?

Tout d’abord, c’est important d’appartenir à un pays. La Grèce est pour moi une longue histoire d’amour, d’inspiration et d’admiration… Puis j’ai eu la chance d’étudier à l’Académie de musique de Vienne et à Londres auprès de grands maîtres comme Nikita Magaloff et Bruno Leonardo Gelber… Changer de pays, changer de maître, vouloir les imiter et être inspiré par eux est une chose unique. C’est le début de ses propres pensées et de son vrai talent.

Quels sont vos compositeurs préférés ?

J’aime beaucoup Brahms, les compositeurs russes Rachmaninov, Tchaïkovski, Scriabine, Prokoviev. À une époque, j’appréciais aussi beaucoup les compositeurs espagnols. Il m’arrive qu’après cinq ou dix ans, je change un peu de préférences ou d’inspirations.

Seul sur une île, je choisirais d’écouter les 4 Impromptus de Schubert mais interprétés par quelqu’un qu’on aime. Vous voyez, la musique n’est pas comme la lecture. Il y a beaucoup de gens qui peuvent lire mais peu de gens peuvent lire la musique. Pour moi, la meilleure interprète au piano des 4 Impromptus de Schubert est Murray Perahia.

Vous jouissez d’une carrière internationale brillante. Qu’est-ce qui est le plus gratifiant dans votre pratique de la musique ? Et le plus difficile ?

Le plus gratifiant, c’est quand il m’arrive d’interpréter ou de jouer une œuvre comme je l’ai imaginé dans ma tête. J’imagine la façon dont elle doit sonner et être jouer, tout cela passe à travers le corps, le cerveau, le cœur, les émotions et les dix doigts. Et quand j’arrive à réaliser mon rêve de jouer un morceau de musique sur scène de cette façon, je suis très content et très complet.

Quelles sont vos expériences les plus marquantes ?

Des concerts avec des grands chefs d’orchestres comme Simon Rattle, Zubin Mehta, Lorin Maazel, Christoph Eschenbach ou Colin Davis parce que ces gens-là sont d’une simplicité incroyable… Jouer avec des génies comme eux, ça me transporte, ça m’inspire, ça me fait oublier tous les inconvénients qu’on a peut-être pu vivre avant le concert, le trac, parce que c’est fascinant de rencontrer des mythes comme eux… Et le résultat est quelque chose d’inoubliable.

Selon vous, pourquoi la musique est-elle importante dans nos vies ?

Parce que je trouve que de temps en temps, l’être humain a besoin de l’absolu dans la beauté, dans la vérité, dans les idées… Dans un concert de musique, on trouve cette beauté. C’est une caverne d’Ali Baba qui s’ouvre parce qu’on est dans un endroit sentimental, mental, émotionnel où tout est beau et harmonieux. Je crois que l’homme a parfois besoin de se retrouver dans un endroit comme celui-là, un petit paradis pour oublier un peu le quotidien, la mauvaise musique qu’il peut entendre. C’est pour cela que l’art et la musique sont importants.

Quel est votre rêve de pianiste ?

C’est d’être le plus vrai possible et fidèle à mon imagination, mes idées, ma façon de concevoir une œuvre et de la transmettre au public avec un langage universel. La belle musique passe car elle ne nécessite pas la connaissance d’une langue. Elle s’adresse au cœur et comme tous les gens ont un cœur, il suffit de trouver la bonne clef pour l’ouvrir et le faire s’émouvoir.

Vous allez bientôt jouer à la salle Gaveau aux côtés de trois autres pianistes passionnés pour offrir un nouveau regard sur des grandes œuvres. Comment est venue l’idée de cette rencontre inédite ?

C’est un projet auquel j’ai pensé il y a six ans avec mon ami Cyprien Katsaris. Nous avons eu l’idée de former un quatuor de pianistes avec deux autres partenaires. Et ce fut, pour nous, un grand plaisir, une expérience tellement inédite, tellement originale que les organisateurs de concerts étaient très contents, le public était enthousiaste et réceptif, les critiques également.

Ensuite, nous avons formé un quatuor avec une excellente pianiste franco-cannadienne, Hélène Mercier, et une pianiste turque, Ferhan Önder. Nous présentons à la salle Gaveau un programme revisité avec des œuvres très connues comme le Boléro de Maurice Ravel, Fantaisie sur Carmen de Georges Bizet, etc… Tout cela retranscrit merveilleusement bien par un ami à nous. Ce concert devrait marquer la scène parisienne.

Musique : Janis Vakarelis – Concerto de Liszt avec l’Orchestre Royal Philhramonique de Londres.

C. Katsaris, Hélène Mercier, Ferhan Onder et Janis Vakarelis (de gauche à droite).
Salle Gaveau – le 26 mars 2019

L'homme a besoin de l'absolu dans la beauté, dans la vérité, dans les idées... Dans un concert de musique, on trouve cette beauté. On est dans un endroit sentimental, mental, émotionnel où tout est beau et harmonieux.

Janis Vakarelis