Dalila Dalléas Bouzar – Autoportrait (détail), 50×40 cm, huile sur toile, 2018 – Courtesy galerie Cécile Fakhoury
Dalila Dalléas Bouzar – Courtesy galerie Cécile Fakhoury
Dalila Dalléas Bouzar – Aicha – Courtesy galerie Cécile Fakhoury
Dalila Dalléas Bouzar – MAGUETTE – Courtesy galerie Cécile Fakhoury
Dalila Dalléas Bouzar – Fatou (série studio), 40×30 cm, huile sur toile – Galerie Cécile Fakhoury
Dalila Dalléas Bouzar – Les femmes d’Alger d’après Delacroix # 5, 200×195 cm, huile sur toile, 2017 – Courtesy galerie Cécile Fakhoury
Dalila Dalléas Bouzar – Omar Project (série) – Huile sur toile de lin 2018 – Courtesy galerie Cécile Fakhoury
Dalila Dalléas Bouzar – Atlantique noir – triptyque, panneau latéral droit, 170×70 cm, huile sur toile, 2018 – Courtesy galerie Cécile Fakhoury








Par Fanny Revault
Dalila Dalléas Bouzar, née en Algérie à Oran en 1974, est une artiste peintre qui vit et travaille à Bordeaux. Dans le cadre de la 3ème édition d’AKAA, Dalila Dalléas Bouzar installe Studio Paris, son studio nomade. À l’instar d’une chamane explorant le monde invisible, l’artiste vit la performance comme un rituel : elle peint directement sur le visage du modèle comme sur une toile, puis réalise son portrait ainsi transformé. Son expérience d’alchimiste mène l’artiste à une réflexion sur la peinture et le rôle profond de son art. Entretien avec une artiste engagée et humaniste pour qui peindre est une « nécessité »...
D’où vous vient cette passion pour l’art ?
Ce n’est pas le mot passion qui me viendrait à l’esprit quand je pense à l’art ou à ce que je fais. C’est plutôt plus de l’ordre d’une nécessité qui s’est construite pendant mon enfance et qui a structuré mon rapport au monde à travers le langage de l’art. Bien que, pour moi, l’art ne soit pas seulement un langage. C’est aussi un accès à la connaissance.
Vous êtes d’origine algérienne. L’histoire de vos racines est très présente dans votre approche artistique…
Je suis née en Algérie et ma famille est venue en France lorsque j’avais deux ans.
Mon origine algérienne fait partie de moi avec son histoire et tout l’héritage qui va avec. C’est logique dans ce cas d’avoir cette pensée critique sur l’histoire, sur ce qui constitue ma culture. En parler aussi souvent dans mon travail est sûrement une manière que j’ai trouvé pour mettre en valeur mes racines.
Mais il faut ajouter que dans mon art, je mets en valeur la culture occidentale à travers la peinture.
L’humain occupe une place singulière dans votre œuvre. Vous êtes animée par des thèmes humanistes, voire engagés. Que voulez-vous exprimer ?
Je crois fondamentalement à la philosophie de la « non-violence ». J’admire Gandhi, Martin Luther-King ou Mandela. C’est la voie humaine que je trouve la plus efficace, tout simplement. C’est pourquoi, quand je traite de la violence plutôt que de la montrer dans toute son horreur, je la transforme, je la fais disparaître même. Je pense qu’on peut s’inventer une histoire et qu’on peut refuser de porter notre passé ou prendre des places que la société nous assignerait.
Bien sûr, je crois à l’humain comme un être capable d’évoluer et capable d’amour. Je crois aussi au mal et à notre responsabilité à chaque instant.
Vous utilisez le médium de la peinture dans un sens « classique ». Pourquoi est-il important pour vous de le traiter de cette manière ?
C’est la peinture classique qui m’a fait aimer l’art. J’admire ces peintres qui m’ont précédé. Avant tout, je dirais que je ne pourrais pas peindre autrement que tel que je le fais. Ensuite, dans le contexte de ma série « Omar project », je pose la question de l’affranchissement des cloisonnements que nous impose l’histoire de l’art dans le temps et l’espace. Je dirais que pour répondre à cette question, utiliser la peinture à l’huile est indispensable. Car en faisant cela, on va à la source de cette histoire de l’art. Et pour changer une vision il faut aller à la source.
Par le biais de votre art, que pensez-vous apporter au sein de notre société ?
J’apporte ma vision du monde, ma foi dans l’art et dans l’être humain. Et j’espère un jour y apporter de la grâce.
Avez-vous un artiste avec lequel vous vous sentez en correspondance ?
En ce moment, je me sens en correspondance avec un artiste que je viens de rencontrer ; Damien Deroubaix. Mais il y a plein d’artistes avec qui j’ai des affinités…
Selon vous, pourquoi l’art est-il important dans nos vies ?
L’art est indispensable à notre vie sur terre. Parce que dans ce monde matérialiste, c’est une des choses qui nous relie à un autre monde. On peut appeler cela le monde de l’esprit ou notre humanité.
Quelle est votre expérience la plus marquante ?
Un voyage que j’ai fait aux îles Falkland en 1999. Le but de ce voyage était de vivre en immersion avec les pingouins et de proposer une autre approche de la nature.
À quel moment ressentez-vous l’instant de création ?
Il n’y a pas de moment précis. La création est toujours là en gestation. J’ai souvent des visions ou des rêves. Les idées apparaissent dans les moments de calme, de liberté mentale. C’est pour cela que le temps de disponibilité est très important en ce qui me concerne.